Ma bonne amie,
Venez prestement
de votre petit pas pressé
en prenant sans tarder
le rapide
de onze heures.
Ma bonne amie,
Venez prestement
de votre petit pas pressé
en prenant sans tarder
le rapide
de onze heures.
Cette anecdote est véridique. Parole de conteur !
Elle se passa dans ces temps fort anciens où les chiens lisaient encore comme vous et moi.
Le 1er avril de l'an 1564 un petit malin, qui s'ennuyait fort dans son village sans histoire, avait placardé sur chaque arbre :
A V I S A U X C H I E N S !
Vous qui mourrez de faim ...
allez comme un seul homme
au cimetière communal
le 1er avril à 9 H
Nourriture gratis !
Les villageois pensèrent qu'une bonne âme allait enfin nourrir les chiens errants et qu'on ne les verrait plus traîner à la nuit tombante, autour des immondices.
Plus de désordre ni de bruit ... Et chacun de se réjouir.
Et l'on vit, dès l'aube, un long cortège se presser devant la lourde grille.
Ca aboyait, glapissait, tournicotait, se reniflait, se mordillait, se bousculait à qui mieux mieux.
A l'ouverture du cimetière communal, comme un seul homme, les chiens se jetèrent à l'intérieur.
Un silence recueilli s'éleva, ponctué de gémissements, de claquements de mâchoires, de rots sonores.
Dès le lendemain, le premier qui alla fleurir l'une des tombes, ameuta tout le village qui n'en crut pas ses oreilles. Et chacun de se précipiter au cimetière.
Ce fut un beau concert de jurons et de hurlements dans ce lieu du repos perpétuel.
A qui est ce reste de tibia ?
C'est pas la clavicule de mon oncle !
Tu va m'la rendre, dis, cette vertèbre ?
Les chiens affamés avaient dévorés leurs fils et leurs compagnes, les pères de leurs pères, le soldat inconnu ... enfin ce qu'il en restait ... un tas d'os !
On ne retrouva jamais ni le farceur ni le fossoyeur.
Voilà ce qui arrive quand au lieu de nourrir nos chiens, on leur apprend à lire !!!
Tous les conteurs sont des menteurs.
Peut-être ...
Cette histoire m'a donné faim, je reprendrai bien un peu de cette bonne soupe d'os !
Ce matin là, elle ouvrit vaguement les yeux bien avant la sonnerie délicate du réveil.
Quittant à regret la chaleur moelleuse de la couette, elle se lèva à tâtons et partit à la recherche de ses lunettes.
A son passage, la chatte couina avec vigueur car elle lui avait marché sur la queue.
Où étaient donc ces lunettes baladeuses ?
Le froid de l'eau, dont elle s'aspergea le visage, ajouta à son humeur morose.
Pas le temps de prendre l'indispensable café.
Mais pourquoi avait-t-elle accepté cette responsablité, se demanda-t-elle pour la énième fois. Elle était si tranquille dans sa petite bibliothèque.
Tranquille c'était vite dit car ils étaient si nombreux à parcourir les allées ...
Et que je regarde par ci et que je trifouille par là et que je dérange madame la bibliothécaire avec des questions futiles.
Pourtant, ils ne parvenaient à user ni sa patience ni son amicale gentilesse.
Elle avait une autre qualité dont elle se serait volontiers passée aujourd'hui.
Elle tenait TOUJOURS ses promesses.
Prenant son courage à deux mains, elle chaussa ses lunettes (qu'elle avait enfin aperçues entre 2 volumes de l'Encyclopédie) et alluma son ordinateur.
Voyons, où l'ai-je mise ?
Peut-être dans le dossier des ... ? Ou alors avec les fichiers de ... ? Ah, oui elle est ...? L'aurai-je mise sur ma ...?
Sa tension monta en flèche.
Elle avait beau chercher, ouvrir fébrilement des dossiers, des sous-dossiers, des pages, des articles, elle ne rappelait pas l'endroit précis où elle l'avait classée.
D'ordinaire, faisant mille choses à la fois, elle aurait pu oublier, mais elle était certaine d'avoir pris toutes les précautions pour la retrouver rapidement. Mais lesquelles ?
Elle chercha aux mots-clefs, par ordre alphabétique, par analogie, par dates ...
Elle restait introuvable.
Une envie de pleurer la prit soudain. Elle respira profondément. Ce n'était guère le moment de se laisser aller. Ses amies comptaient sur elle ainsi que les nombreux participants du Grand Jeu bimensuel .
Se souvenant vaguement de l'avoir d'abord notée au dos d'une enveloppe, elle retourna la maison de fond en comble.
Elle récupéra une chaussette dépareillée, une pastille de menthe, une lettre d'amour de son ami à la triste figure, son sécateur, une gomme, son beau parapluie rose, une fleur en papier, un dé à coudre, un vieux calendrier et un ticket de métro usagé.
L'unique objet de ses recherches manquait encore à l'appel ...
Fatiguée, elle s'assit sur le rebord de la fenêtre en regardant distraitement le paysage. Ses pensées allaient vers les blogopotes en attente devant leur écran.
Elle décida sagement d'abandonner les recherches et se dit qu' après tout, deux semaines d'indépendance leur ferait le plus grand bien !
Et sous l'assaut des inévitables questions, elle répondrait :
En jouant, ma chatte Quichottine a perdu la consigne !
Evidemment je n'ai rien de personnel contre les Quichottines. Je ne fais qu'essayer de répondre à la consigne de la Petite Fabrique d'Ecriture !
Hier / j'avais trois soeurs
aujourd'hui / m'en reste deux
car la plus p'tite m'a dit
t'as fait ça / alors / ca-sse-toi
J'lui voulais pas d'mal
mais souvent c'est com-me ça /
c'est la der-niè-re goutte /
qui gagne le com-bat
Le blues du coeur ...
je l'ai / au-jour-d'hui
Mais j'me casse pas / j'vais pas loin / j'reste là
des fois qu'la p'tite / hurle /et qu'j' l'entende pas
J'dis ça / mais j'sais bien qu'c'est pas vrai
j'suis venue en courant / dès qu'elle a murmuré
Le blues des soeurs ...
je l'ai / au-jour-d'hui
Comment une simple goutte / peut faire tant de dégâts …
creusant l'irréparable / à boire jusqu'à la lie ?
Faut croir' qu'l'pardon / ça n'existe qu'pour les chiens
et encor' pas toujours / seulement pour les pe-tits
Oh oui / le blues
je l'ai / au-jour-d'hui
C'est elle !
Je lui fais un signe ...
L'as-tu gamine ?
Elle sautille : C'est pas moi !
Je la cuisine
l'empoigne
je m'égosille.
Elle trépigne : C'est pas moi !
Je fulmine et grogne, la mine assassine ...
Nom d'une sardine !
Ah, la coquine sans vergogne !
Mais elle s'obstine : C'est pas moi !
Et la maligne s'esbigne
avant que je l'envoie au bagne
(ou à la Bastille).
Quelle guigne ...
Quichottine a perdu la consigne !
Pour la Petite Fabrique d'Ecriture
Près d'Alésia
la nuit
au milieu de nulle part
cette femme
soulève les boulevards.
Rue Littré
je regarde
les madones abandonnées
sur les fils électriques.
Rue des Bons-enfants
une visiteuse étourdie
souffle
sur des poignées d'abeilles.
Devant la vitrine
de la boutique Deyrolle
un oiseau cinglé
arrange ses cheveux.
Attachés par des fils de fer
raccommodés les uns aux autres
les clients applaudissent
sauf les jours de marché.
Encore des mots, rien que des mots, toujours des mots ....
D'après les Explorations minuscules / Poésie des rue ordinaires de Béatrice Fontenel (Ed La pie voleuse)
Aie, j'l'crois pas ... déjà 2 ans ???
Mais qu'ai-je dont fait de tout ce temps
à tourner et retourner les mots comme des girouettes folles
à faire et défaire mes cartons sans savoir où les poser (Ouf, enfin, j'y suis ...)
à essayer de me défiler ... en douce ... des fois qu'on m'oublie et que je n'ai
plus à mettre une lettre après l'autre (Ils sont encore là ? Ah la la, ils sont bien patients ces amis !)
à passer devant mes pinceaux sans les regarder (Nous on t'a vu ...) ?
Ellemra, le retour !
Enfin, bon, faut voir si madame l'Inspiration sera au rendez-vous elle aussi .
Un mot par ci, un mot par là, ça engage à rien, non ?
Et bien si, ça engage, tant et tant que me re v'là, comme y disent !